Robert Wyatt : Rock Bottom
Il me fascine.
Robert Wyatt (Ellidge de son vrai nom) est né en 1945 à Bristol.
Il se révèle dans le Daevid Allen Trio en tant que batteur dès 1963.
Puis toujours batteur, il chante aussi de sa caractéristique voix fluette et haut perchée dans le groupe The Wilde Flowers, avec déjà comme partenaire Kevin Ayers (1963-1966).
Lui qui a vécu à l'adolescence près de Canterbury fonde ensuite en 1966 le grand Soft Machine (avec Mike Ratledge, Daevid Allen et Kevin Ayers), avec son Jazz-rock progressif, qu'il quittera en 1971 quand le groupe tourne au Free jazz.
Il y a alors l'intermède Matching Mole (jeu de mot phonétique pour machine molle en référence à Soft Machine) avec David Sinclair (Ex Caravan) dans lequel il élargit sa palette instrumentale avec la guitare et le mellotron.
Le tournant survient le premier juin 1973, quand très alcoolisé, il se retrouve paraplégique suite à une chute accidentelle de quatre étages lors de la fête d'anniversaire de la chanteuse de Gong chez Lady June.
Huit mois au Stoke Mandeville Hospital.
Il réapparait en chanteur, invité sur le premier album d' Hatfield And The North en 73, mais le chanteur principal est Dave Stewart (Ex Egg). On le retrouve seulement sur Calyx (titre 4 de l'album éponyme).
C'est à cette époque qu'il écrit les paroles du futur "Sea song", ne voyant son avenir qu'en carrière solo.
Mais c'est le hasard qui le remets au devant de la scène par le succès imprévu dans les charts de sa reprise gag de "I'm a believer" des Monkees (ici).
Il sera ensuite blacklisté par la BBC pour le célèbre "fuck" adressé au présentateur de Top of the Pops où il refuse d'apparaître sans son fauteuil roulant, envoyant jouer en plus en live (le playback est plus habituel) ses amis dont un certain Nick Mason. Le "New Musical Express" le venge avec cette photographie.
Peu après, il sortira l'album mythique Rock Bottom en 1974, dont il dira que la musique émergeait lentement depuis 1972, datée d'un séjour sur l' île de Guidecca en face de Venise. C'est Alfie qui lui offre à cette époque son premier clavier. Il sera enregistré dans un studio mobile de Virgin Records, parqué dans un champ à côté d'un cottage, dans le Wiltshire, prêté par une amie. Les musiciens additifs seront enregistrés au Manor Studio à Londres où Wyatt emménage peu après.Comment interpréter cette affirmation de sa part que ne plus pouvoir être batteur est une chance qui l'a ouvert à une autre approche de sa musique, développant sa multi instrumentalité, l'absence de nécessité de groupe en l'absence de possibilité de tournées, et surtout en studio la notion que l'on peut à l'infini varier les instruments au long des morceaux. Le nouveau Wyatt est né.
Le disque est prêt le 26 juillet 1974, pour son mariage avec Alfie.
Mon rapport avec l'album "Rock Bottom" a été cahotique. Je l'ai rencontré sous différentes pochettes dès sa sortie en France, mon ami Patrick, grand fan du Soft machine, l'ayant rapidement acheté. J'avoue que son écoute discontinue lors des parties de Tarot chez lui m'avait peu convaincu.
Plus tard racheté pour ma propre discothèque, je l'ai tellement écouté que dégoûté je l'ai échangé contre je ne sais lequel vinyle quelques temps plus tard.
L'arrivée des CD m'a fait reprendre l'objet en main et de nouveau l'adopter, au point de dire que "Sea Song" est ma meilleure chanson du monde, me filant toujours le frisson. Cet album de plus de 50 ans est d'une incroyable inventivité.
Je vous le présente ici avec ma pochette préférée
ROBERT WYATT : Rock Bottom 1974 (Edition de 2008 Domino Recording Co)
- Sea Song
- A Last Straw
- Little Red Riding Hood Hit The Road
- Alifib
- Alife
- Little Red Robin Hood Hit The Road
Sorgual
Chaotique, c'est le mot, faut dire que "Rock Bottom" en musique d'ambiance c'est un coup à perdre le "petit" et la partie si tu t'arrêtes à l'écouter. Plus simple, j'ai eu la chance de l'écouter - avec la pochète blanche - en entier et quasi religieusement, et ça m'a bien nettoyé les oreilles. L'achat du frère ainé d'un copain - vive les ainés - un chouette contrepoint à Bad Company, Dr Feelgood ou Aerosmith mes écoutes du moment.
RépondreSupprimerEt quelle pochette! Merci, je vais découvrir, je ne me rappelle pas de ce disque. Donc découverte. Belle journée.
RépondreSupprimerEn écoutant Sea Song hier avec de la famille dans le super auditorium à Paris (Si vous pouvez offrrez vous l'expérience incroyable chez Listener (10 rue Vivienne) , on se disait ce morceau est vraiment barré ... et nettoie bien les oreillles .
RépondreSupprimerOh! Là! Là! Merci pour cette découverte. Je suis à faire le grand tour de son travail.
RépondreSupprimerJ'ai trois albums plus faciles qui tournent souvent chez moi : Comicopera (2007), Cucooland (2003) et Shleep (1997) ...
RépondreSupprimerC'est curieux, j'ai un rapport quasi similaire avec cet album.
RépondreSupprimerL'identité de Wyatt est tellement imposante, oppressante et puis, bienfaisante - ses chansons, sa musique sont sans filtre, c'est direct et c'est peut être bien pour ça que dès Sea Song on sait qu'on entre dans une pièce à part et qu'on aura du mal à en sortir et que cela fait on y reviendra régulièrement, tant la charge émotionnelle qui y suinte nous a bouffé.
J'écoute encore pas mal Robert Wyatt, sa discographie est "à part", on n'en fait plus des comme ça...
Et puis, j'ai un énorme faible pour l'album de Nick Mason, son ami de toujours, "Fictitious Sports", dirigé et écrit par Carla Bley, dans lequel Robert Wyatt est l'élément autour duquel tout a été composé, écrit, organisé. Un pur chef d'oeuvre, bien loin de l'étiquette jazz qu'on aimerait tant coller. Chris Spedding est même venu y poser d'incroyables guitares.
Et puis, "The Hapeless Child", ce truc improbable...
magnifique article au passage.
merci
(ps : on peut "redresser" un vinyle gondolé avec... un fer à repasser, mon fils a essayé... ça marche - dommage que je l'ai su trop tard, j'en ai laissé, moi aussi sur les plages arrières...)
Merci Pascal. Tu m'as donné envie de réécouter Mason, je n'ai qu'un souvenir lointain de l'album. The Hapeless Child, je ne connais pas du tout, je vais creuser.
RépondreSupprimer