Disque indispensable ?
Choisir dans sa discothèque un album moderne qui me semble incontournable, que j'achèterai si je le perdais, dont la possession du vinyle est impérative : voilà ma définition d'un nouveau classique.
Doit-il être parfait ? Non bien sûr et presque au contraire.
Comme dit Kant, il faut dissocier la norme éducative et sociétale du beau, de sa propre esthétique avec la sensation de plaisir, pour aboutir à un sentiment d'un beau libre et personnel.
"Le verbe "Aimer" est le plus compliqué de la langue, son passé n'est jamais simple, son présent n'est qu'imparfait et son futur conditionnel" Jean Cocteau.
Je commence par le disque à la vache car il m'a accompagné dans mes premiers achats.
Pink Floyd : Atom Hearth Mother
Paru en octobre 1970, chez Harvest, c'est le premier disque d'or des Pink Floyd.
Caractérisé par cette pochette étrange signée Hipgnosis.
La vache , une Holstein, s'appelait Lulubelle III. C'est Storm Thogerson qui a pris le cliché, le Floyd ayant évoqué une pochette "simple et terrienne", et c'est surtout l'absence du nom du groupe sur la pochette qui a enthousiasmé David Gilmour.
Le nom de l'album a été trouvé par Ron Geesin, qui avait lu un article parlant d'une femme enceinte porteuse d'un pace maker alimenté par une pile atomique "Atom Earth Mother".
C'est le premier album au monde enregistré en Quadriphonie avec Alan Parsons à la console.
Les Floyd reviennent à Londres après l'expérience pénible et peu convaincante de Zabriskie Point, portant encore pour le public les espoirs progressifs de la folie créatrice d' Ummagumma.
Ce cinquième album studio est un album de transition, une évolution mais ils ne savent vers ou !
Deux anecdotes importantes :
Le refus du Floyd en 71 pour que Kubrick utilise leur album pour la musique d'Orange Mécanique !
D'autre part, la faible satisfaction envers cet album, Gimour dira "un patchwork confus" ou encore "notre pire album, c'est de la merde" et Nick Mason lui "Bonne idée, mais peut mieux faire".
Cet album mythique débute par ce long morceau qui prend toute la face A, plus de 23 minutes.
C'était devenu dans l'air du temps ces longs morceaux et cette fusion avec la musique classique.
- Les Moody Blues avec Day Of The Future Past
- Le Concerto pour Groupe et orchestre de Deep Purple
Cette suite orchestrale inhabituelle est possible par la collaboration de Ron Geesin, musique "classique et contemporaine" qui permet l'introduction des cuivres et qui choisit des choeurs (avec John Alldis), plutôt que de classiques cordes, le tout dans un mode onirique et aussi psychédélique.
Mais Ron leur apprend aussi la technique d'enregistrement, faire des boucles d'écho sur magnétophones.
Revenons au contenu de cet album :
C'est Nick Mason et Roger Waters sont à la composition et donnent le tempo fluctuant de ce premier titre.
1) Atom Hearth Mother l est composé de six mouvements.
Father's Shout :
Quelle intro, cet orgue puis la confusion des cuivres d'où sort le thème principal joué par les cors. Une truculente progression Wagnerienne pendant laquelle le Floyd se met à jouer à l'unisson.
L'accalmie s'accompagne de l'influence de la musique concrète avec le collage de sons, chevaux, motos et pour finir une reprise cuivrée avant la transition romantique.
Breast Milky
Le deuxième thème est abordé par le violoncelle ( Haflidi Hallgrimsson) juste souligné par l'orgue, en lente progression puis l'arrivée de la guitare slide, précédant la reprise cuivrée avec à la fin la première intervention des choeurs.
Mother Fore
Après la douce transition à l'orgue, apparaissent basse puis batterie pour souligner le lyrisme des choeurs. Partie planante juste modulée par l'intensité de la basse et de la batterie.
Funky Dung
Transition à l'orgue pour une changement de ton, basse profonde, solo de guitare bluesy, qui disparaît au profit du choeur chuchoté tout en onomatopées dépourvues de sens, qui finit dans la reprise cuivrée du thème principal.
Mind Your Throat Please
Richard Wright déclenche le chaos avec son Mellotron, utilisant une bande pré enregistrée qu'il passe parfois à l'envers, où avec son piano couplé Leslie. Le passage dans le tunnel sonore fait la transition.
Remergence
La deuxième face est différente, plus pop, sans doute du remplissage après la pièce principale.
2 "If"
Composition de Roger Waters dans l'esthétique d'un Léonard Cohen, petits arpèges, efficace et sans doute annonciateur de "Meedle". Il verbalise son caractère de mauvais mari "Si j'étais un homme meilleur, je parlerais avec toi plus souvent " et se compare à un train toujours en retard.
3 "Summer '68"
Une petite histoire de flirt avec une groupie par Richard Wright qui offre un joli morceau au piano, d'abord dans un style sixtie San Francico puis plus jazzy, pour finir enrobé des cuivres rappelant la face A.
4 "Fat Old Sun"
Morceau ou Gimour bucolique est omniprésent , cela commence doucement et se termine dans un final presque grunge.
5 "Alan's Psychédelic Breakfast"
Où le petit déjeuner de leur roadie préféré (Alan Styles), déjà présent sur la pochette d'Ummagumma, morceau (humoristique ?) en trois tableaux
Rise And Shine
Sunny Side Up
Morning Glory
Atom Hearth Mother ne sera logiquement que peu joué en public.
Pour les détracteurs, un album grandiloquent, bancal, avec du remplissage, qui ne vient pas à la cheville de "Meedle".
Pour moi et les admirateurs, un grand souvenir, une oeuvre pivot, un vrai premier album loin de Syd Barrett, l'apparition du rock symphonique.
Et inutile d'essayer de me faire changer d'avis!
Pink Floyd : Atom Heart Mother / 1970
(Redigital Master 1994)
- Atom Hearth Mother
- If
- Summer '68
- Fat Old Sun
- Alan' Psychédelic Breakfast
Sorgual
Joli papier qui va rejoindre mon dossier. Et souvenir pour moi, contrairement à Kubrick j'ai pu obtenir les droits pour un spectacle de marionnette en famille, j'avais 13/14 ans caché derrière des lits gigognes qui me servaient de théâtre. Une sombre histoire de chevalerie qui tenter de suivre les différents mouvements. Mon public trois petits cousins cousines...
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