dimanche 19 octobre 2025

Trou dans la raquette

La chance du malheureux :

Il y a des groupes que l'on découvre quand ils n'existent plus, en remontant le temps d'un artiste qui vous marque et manque : Jeffrey Lee Pierce.


Né en 1958 en Californie , Jeffrey Lee Pierce s'est endormi pour toujours, victime d'une hémorragie cérébrale à l'âge de 37 ans en 1996.

Homme de passion, il s'est forgé à l'ombre d'un père violent,  découvrant tôt la musique, l'écriture et le théâtre.


Plusieurs axes le caractérisent, son amour du Reggae qui le conduira en Jamaïque où il s'initie au Vaudou et interview Bob Marley, sa passion pour le Blues du Delta qui imprègne ses disques et son rapport à la guitare, son éveil pour le Glam Rock puis Punk Rock et en particulier sa fascination pour Debbie Harry de Blondie dont il devient l'ami après avoir été le président de son Fan Club.

Jeffrey c'est aussi un charisme qui le porte sur la scène après avoir hanté les clubs d'Hollywood pour chroniquer ses articles sur le fanzine Slash qui deviendra ensuite un label. 

D'abord avec Red Lights en 1978.


Puis c'est la rencontre essentielle avec son ami King Congo Powers qu'il initie à la guitare.


Ils forment "The Creeping Rituals" en 79 qui devient "The Gun Club" en 1980.

Un groupe avec deux musiciens novices, King Congo Powers à la guitare et le batteur Brad Dunning !

Mais le groupe travaille et prend forme avec le bassiste Rob Ritter et le chanteur Terry Graham.

 

"Fire Of Love" en 1981 sur le label indépendant Slash


 Curieux album novateur pour l'époque révolue du blues-punk-rock...

"Sex Beat" devient culte en France, générique de l'émission télévisée d'Alain Maneval pour son émission rock "Megaherz".

Tout l'album est merveilleux, dont le très Lou Reedien "Promise Me" 

Mais le caractère imprévisible , insaisissable de Jeffrey , même pour lui, expliquant ses divagations, ses errances, ses troubles mêlant excitation créatrice et profonde dépression, rendent la cohésion difficile et expliquent les fluctuations de la composition du groupe et ses variations musicales... 

King Congo rejoint les Cramps. 

Le deuxième album produit par Chris Stein de Blondie parait en 1982.

"Miami" 


 

Ward Dotson y apporte un net gain dans ses riffs de slide guitare, magnifiant la rage du chant hanté de Jeffrey. La Basse de Rob Titter est omniprésente dans cet album sulfureux.

Et puis il y a la sublime ballade bluesy-country "Mother Of Earth" que l'on croirait faite pour un film de Tarantino. 

"The Last Vegas Story " sort en 1984


Il est d'abord plus difficile pour moi, plus country, plus ardu, sombre et oppressant,  avec le retour à la guitare de Kid Congo Powers et l'arrivée à la basse de la sulfureuse et gothique Patricia Morrison.

 

Miné par la drogue, Jeffrey sabote les concerts et de fait le groupe se désagrège.

Sa petite amie le fuit, Kid Congo rejoint Nick Cave ...

Mais dans un sursaut , Jeffrey sort son magnifique album solo de 1985 :"Wildweed"


En 1987, Jeffrey rencontre dans un pub Robin Guthrie des" Cocteau Twins" qui le persuade de reformer son groupe, produisant le futur album. 

Sortant juste de dépression, bourré de Xanax, il s'économise et a perdu du poids en maîtrisant son alcoolisme. 

Il retrouve son ami Kid Congo Powers et recrutent Nick Sanderson à la batterie et Romi Mori à la basse (la nouvelle compagne de Jeffrey , qui épousera ensuite Nick Sanderson (!) quelques jours avant sa mort d'un cancer du poumon à 47 ans).


"Mother Juno" est le quatrième album de "The Gun Club" sorti en 1987

 

Dernier grand album du Gun Club.

Il a été enregistré en six jours à Berlin,.

La production assurée par Robin Guthrie réussit à apaiser le sombre côté de Jeffrey, à faciliter son lyrisme plus que sa noirceur., sans pour autant dénigrer le spleen, la rage punk rock, les ambiances mystérieuses.

Et la voix de Jeffrey est comme dans un écrin, et on entend ses progrès  à la guitare (Lupita Screams) dans cet album qui est certainement le plus rock du groupe.

L'album sort en 1987 sous la délicieuse pochette peinte par l'artiste favori du groupe "The Fall " le peintre Claus Castenskiold.

 

Un avant dernier album, peu convaincant en 1990, peut être à réécouter, plus pop et qui perd son punk originel  ... alors que la cirrhose de Jeffrey déclarée dès ses 29 ans commence de nouveau à l'handicaper en ayant repris sa consommation de Bourbon.

"Pastoral Hide & Seek"


 

La suite est moins glorieuse, miné par son caractère et ses dépendances, lâché par les maisons de disque, Jeffrey se réfugie en Hollande.


Il y produira son dernier album en 1993  "Lucky Jim"

 

Disque sombre d'une tristesse absolue.

Il passera ensuite deux ans à écrire sa biographie "Go Tell The Mountain" avant de mourir.



The Gun Club : Mother Juno / 1987 

(Réédition 2018)

 


 

  1. Bill Bailey
  2. Thunderhead
  3. Lupita Screams
  4. Yellow Eyes
  5. The Breaking Hands 
  6. Araby
  7. Hearts
  8. My Cousin Kim
  9. Port Of Souls
  10. Crab Dance 
  11. Nobody's City
  12. Breaking Hands (12'' Version) 

Un petit lien ?

Sorgual 

 

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